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https://www.altheaprovence.com/gros-thym-plectranthus-amboinicus-antiinfectieux-et-antiinflammatoire/GROS THYM (PLECTRANTHUS AMBOINICUS) : ANTIINFECTIEUX ET ANTIINFLAMMATOIRE
25 septembre 2019 par Christophe BERNARD
101 commentaires
Au printemps dernier, on m’a envoyé une bouture d’une plante Antillaise qu’on appelle le gros thym.
C’est une plante que je ne connaissais pas du tout et qu’on trouve en fait dans pas mal de régions du monde.
Et donc ces derniers mois, j’ai appris à un peu mieux la connaître et je voulais partager ces informations avec vous dans cet article.
Présentation du gros thym
Le gros thym (Plectranthus amboinicus) est une plante vivace de la famille des lamiacées, comme le thym, mais en apparence il ne ressemble pas du tout au thym.
Il a de grandes feuilles qui sont très épaisses et juteuses, et qui sont surtout très aromatiques.
Dans les arômes, on va retrouver des parfums qui nous rappellent le thym.
Les analyses de son huile essentielle démontrent qu’il y a présence de thymol, de carvacrol et d’autres substances aromatiques que l’on trouve dans le thym et d’autres aromatiques comme l’origan.
Mais ce n’est pas exactement le même profil aromatique non plus.
Donc on va retrouver des utilisations communes et des utilisations qui sont légèrement différentes.
A priori, c’est une plante originaire d'Afrique et qui aurait été disséminée dans d’autres pays au travers des échanges commerciaux.
On va la retrouver dans les pays du bassin méditerranéen, en Inde, en Asie du Sud-Est.
C’est une plante qui est bien connue aux Antilles, c'est là d’ailleurs qu’on l’appelle le gros thym.
Dans certains pays on l’appelle thym espagnol, origan cubain, etc.
Gros thym au jardin
Je n’ai pas une grande connaissance de la plante au jardin, et on m’a envoyé des photos de gros thyms qui s’étaient beaucoup mieux développées que le mien. Mais je peux vous dire que je l’ai démarré d’une petite bouture à la fin du printemps et qu’elle s’est très bien développée en pot.
J’ai gardé le pot en plein soleil au printemps, puis je l’ai passé dans un endroit mi-ombre mi-soleil car on a eu un été très chaud ici en Provence.
Elle se multiplie très facilement par bouture, vous coupez une tige, vous plantez et en gros, ça pousse (voir la vidéo).
Côté arrosage, il faut y aller doucement, mieux vaut lui donner un sol qui draine bien pour pas que l’eau ne stagne au niveau des racines, ce qui pourrait entraîner une pourriture des racines.
Et là, je pense que je l’ai un peu trop arrosée, j’ai voulu la mettre au goutte-à-goutte mais je pense que c’était une erreur.
Bref, l’an prochain je vais lui donner beaucoup moins d’eau.
Elle va être fragile pendant l’hiver et ne va pas survivre au froid, c’est pour cela que j’ai gardé la mienne en pot, je vais la rentrer pendant l’hiver.
Mais à part ça, elle n’a pas l’air d’être difficile à cultiver du tout.
Antiinfectieuse digestive
On va maintenant parler des utilisations du gros thym.
Je vais mettre les utilisations culinaires de côté car il a l’air très apprécié pour aromatiser les plats.
Juste pour être clair, je n’ai pas vraiment d’expérience d’utilisation thérapeutique de la plante vu que cela ne fait que quelques mois que j’y ai accès.
Je vais donc partager avec vous ce que j’ai découvert dans mes recherches d’un point de vue ethnobotanique et scientifique.
L’utilisation que l’on retrouve le plus souvent dans les différents pays du monde : pour soulager les troubles digestifs.
Ce qui ne devrait pas nous surprendre.
S’il y a bien quelque chose que l’homme a dû gérer depuis la nuit des temps, c’est bien les problèmes d’infections entériques, d’intoxications alimentaires et autres troubles de type crampes, diarrhées, etc.
Et là, la force du gros thym, c’est sa force aromatique avec un effet antibactérien et antifongique très marqué.
Donc un effet désinfectant intestinal.
On sait aussi que ces substances aromatiques sont aussi antispasmodiques, donc dès qu’il y a crampes douloureuses, ce qui est souvent le cas lors des diarrhées infectieuses, une infusion va faire du bien.
Équilibrante de la flore
Voici ce que nous dit une étude de 2015 (1).
On a observé l’effet d’un extrait aqueux de gros thym (pour utiliser des mots plus simples, on a fait une infusion) sur le microbiote intestinal.
Cette infusion détruit certaines souches de bactéries pathogènes dans la flore intestinale, comme Escherichia coli ou certains types de Salmonella.
Mais ce n'est pas tout : elle stimule la croissance de certaines souches bénéfiques comme Lactobacillus plantarum.
Ce qui est tout de même assez fabuleux car dans le milieu intestinal, la plante fait le ménage dans les pathogènes mais va favoriser la croissance des bactéries bénéfiques pour notre flore.
Ceci explique probablement pourquoi la plante était autant utilisée pour les problèmes de diarrhée de causes infectieuses : car elle a un effet au long terme sur le rééquilibrage de la flore intestinale.
Et sans aller dans des cas aussi aigus que les diarrhées infectieuses, vous pouvez tout simplement boire une petite infusion de gros thym sur une digestion difficile afin de soulager les désagréments.
Infections respiratoires
On peut utiliser le gros thym pour toute infection respiratoire.
Là encore, cela ne devrait pas nous surprendre avec le profil très aromatique, très pénétrant de la plante.
Elle contient des substances volatiles qui vont pénétrer en circulation sanguine et qui vont être libérées au niveau des alvéoles pulmonaires pour faire leur travail de désinfection, pour maintenir un mucus fluide qui peut être expectoré facilement.
Pour ceux qui s’intéressent à l’aromathérapie, on voit que la plante contient certains constituants comme du thymol et du 1-8 cinéole, constituants qui ont une action pulmonaire assez marquée.
Et notez que je ne vous parle pas ici de l’huile essentielle de gros thym.
D’ailleurs je ne sais même pas si on peut en trouver dans le commerce.
Je vous parle de l’utilisation de la plante entière qui n’a pas du tout cet effet caustique et hépatotoxique qu’on peut constater pour certaines huiles essentielles, en particulier celles qui sont riches en phénols, ce qui est le cas ici avec le gros thym.
Donc pour revenir aux poumons, c’est une plante qui a été traditionnellement utilisée pour les infections pulmonaires de type bronchite.
On voit aussi une utilisation pour les toux chroniques et l’asthme en Inde, dans les Caraïbes et à Cuba.
Infections hivernales
C’est une plante qui a été utilisée d’une manière assez générique pour tout type d’infection hivernale, un peu comme notre thym.
Vous savez probablement qu’on ne peut guère se tromper en utilisant une infusion thym-citron ou thym-gingembre lorsqu’on attrape froid l’hiver.
>> D’ailleurs je vous rappelle que je vous ai fait un programme complet sur l’accompagnement des infections respiratoires et ORLs.
Donc le gros thym en infusion, pour les rhino-pharyngites, laryngites, tout type de mal de gorge, pourquoi pas avec un jus de citron, je n’ai pas encore essayé mais je vais certainement le faire l’hiver prochain.
Infections urinaires
Autre utilisation traditionnelle, pour les infections urinaire, là encore d’une manière assez similaire au thym.
Ça, c’est quelque chose que je vous ai expliqué dans la vidéo sur le thym.
Ce n’est pas une propriété très connue du thym, mais c’est un désinfectant urinaire assez puissant.
Basé sur l’utilisation traditionnelle, a priori même chose pour le gros thym qu’on pourrait utiliser pour la prévention des cystites récidivantes, ou pour accompagner une infection urinaire déclarée.
Et attention de ne pas laisser traîner une infection urinaire sous peine de vous retrouver avec une pyélonéphrite, allez consulter votre médecin en cas de doute.
Si vous êtes abonné à ma chaîne depuis pas mal de temps, vous avez vu qu’on a passé en revue pas mal de plantes pour lutter contre les infections urinaires. On a vu des plantes comme la bruyère qui est très astringente, on a vu des plantes comme l’hibiscus qui est riche en flavonoïdes.
Vous avez la busserole et la canneberge.
Mais toutes ces plantes ne sont pas vraiment aromatiques.
Essayez de toujours rajouter une plante aromatique à vos mélanges de plantes pour les problèmes de cystite, ça va rajouter un plus.
Le gros thym fait partie de ces plantes.
Problèmes de peau
Au Brésil, on applique le gros thym sur la peau pour le traitement des ulcérations causées par la leishmaniose, donc on parle ici d’ulcérations assez sérieuses.
En Inde on utilise le jus des feuilles pour traiter les allergies cutanées.
Dans toute la région asiatique on l’utilise, toujours en application locale pour les problèmes de peau brûlée.
Les études confirment d’ailleurs que la plante a un effet antiseptique et stimule la réparation cellulaire (2).
Les constituants aromatiques semblent inhiber la croissance des champignons responsables des pellicules (2), donc probablement une application en rinçage du cuir chevelu après la douche, en utilisant l’infusion de la plante.
En Asie, on utilise un cataplasme des feuilles pour calmer les piqûres de scorpions et de scolopendre (2).
Je sais pas si vous voyez ce que c’est qu'une scolopendre, on en trouve parfois dans les caves ici en Provence.
Je ne me suis jamais fait piquer mais je peux vous dire que d’après ce que j’ai entendu, on s’en souvient pendant très longtemps.
Le gros thym peut calmer ce genre de piqûres.
Douleurs musculaires et articulaires
On voit que la plante est utilisée pour les maux de tête.
Elle est utilisée pour soulager les douleurs et les raideurs de cou, donc à la fois antispasmodique et analgésique.
Elle est utilisée pour le mal de dos.
Les études démontrent un effet antiinflammatoire articulaire spécifiquement pour la polyarthrite rhumatoïde (3), et notez que l’étude a été faite sur animaux et pas sur humains.
Je n’ai pas trouvé d’information sur son mode d’utilisation traditionnel pour les douleurs.
Est-ce qu’on la prend en interne sous forme d’infusion ?
Est-ce qu’on l’applique localement sous forme de cataplasme ?
Vu les constituants de la plante, je pense que les deux formes sont possibles, et je pense qu’une prise à la fois interne et externe a probablement plus d’effets.
Mais pour confirmer, il faudrait que j’aie accès à l’information détaillée et je ne l’ai pas trouvée.
Savoir traditionnel
Au passage, j’aimerais vous demander votre participation.
Si vous avez l’expérience au sujet de l’utilisation traditionnelle du gros thym, quel que soit le pays dans lequel vous vivez.
Vous l’avez peut-être utilisé, ou vos parents, ou vos grands-parents, peu importe, merci de laisser un message sous cet article.
Je ferai un sommaire de vos commentaires, comme ça, on fait circuler l’information et on va partager votre expérience :
" j'ai habité 3 ans en Martinique et j'ai appris à utiliser le "gwo tin" à toutes les sauces.
Tout d'abord en cuisine . tous les plats en sauce sont cuisinés avec le "gwo tin"et le bois d'inde (leur laurier).
Pour les rhumes et "la grippe", ils l'accompagnent avec une autre plante tres intéressante qui s' appelle "l'atoumo (alpina zerumbet). d'ailleurs voici leur recette pour le moins étonnant mais efficace pour l'avoir testé lors de "grippe "avec grosse fievre: décoction de gwo tin, atoumo, guéri tou (je chercherai le nom scientifique), feuilles de cannelle et rondelles de citron vert. on en prend un bon bol dans lequel on rajoute un aspirine ou doliprane (eh oui !), un peu de rhum. le lendemain on est sûr pied.
Christophe, je vous prépare un petit livret sur tout ce que je connais sur les plantes des îles, avec l'aide d'une amie antillaise qui ne se soigne qu'avec ses plantes locales.
Recettes qu'elle tient de sa grand mère."
" Le jus des feuilles s'utilise en application locale.
C'est probablement plus efficace qu'une infusion concentrée (en externe). "
" ... J'avais effectué des petites recherches biblio sur le sujet il y a quelques années, encore merci pour cette synthèse.
De mémoire il était parfois question de faire attention pour les personnes cardiaques.
En tout cas, pour l'avoir eu en pot en Nouvelle-Calédonie, c'est une plante increvable.
Des branches coupées des mois auparavant peuvent reprendre en bouture, elle semble se maintenir grâce à ses poils qui captent l'humidité ambiante.
Côté cuisine, attention le gros rhym perd ses arômes à la cuisson."
" ... Après recherche dans mon grimoire Oceania planta medica, j'ai vu qu'on utilisait la macération alcoolique des feuilles appliquée en frictions sur les douleurs rhumatismales."
Formes utilisées
On prépare principalement l’infusion, et là je ne pourrais pas trop vous dire les quantités en grammes.
Personnellement j’en mets assez pour obtenir une infusion bien aromatique.
On peut faire un cataplasme des feuilles écrasées.
Vu qu’elles sont juteuses, cela se fait assez bien.
Et on peut appliquer le jus localement pour les problèmes de peau, de muscles ou d’articulations.
Précautions
Là encore je n’ai pas vraiment d’information spécifique à partager.
Comme d’habitude, par principe de précaution, on ne va pas l’utiliser chez la femme enceinte ou allaitante.
A part ça, je peux simplement vous dire que la plante est très utilisée dans les soins traditionnels, mais je ne peux pas être plus précis que ça.
Références Gros Thym
(1) Shubha JR, Bhatt P. Plectranthus amboinicus leaves stimulate growth of probiotic L. plantarum: evidence for ethnobotanical use in diarrhea. J Ethnopharmacol. 2015 May 26;166:220-7. doi: 10.1016/j.jep.2015.02.055. Epub 2015 Mar 19.
(2) Arumugam G, Swamy MK, Sinniah UR. Plectranthus amboinicus (Lour.) Spreng: Botanical, Phytochemical, Pharmacological and Nutritional Significance. Molecules. 2016 Mar 30;21(4):369. doi: 10.3390/molecules21040369. Review.
(3) Chang JM, Cheng CM, Hung LM, Chung YS, Wu RY. Potential Use of Plectranthus amboinicus in the Treatment of Rheumatoid Arthritis. Evid Based Complement Alternat Med. 2010;7(1):115–120.